Cette année, la fondation a pu, en collaboration avec l'Amicale Internationale de Neuengamme, inviter à nouveau à des manifestations sur place au Mémorial du camp de concentration de Neuengamme à l'occasion de l'anniversaire de la libération. Ces dernières années, à notre grand regret, nous n'avions pas pu organiser de manifestations commémoratives (2020) ou accueillir des invités à Hambourg (2021) en raison de la pandémie de Corona. À l'occasion de l'anniversaire de la fin de la guerre et de la libération des camps de concentration, toute une série d'événements ont été organisés au Mémorial du camp de concentration de Neuengamme, en plus de la cérémonie commémorative centrale du 3 mai 2022.

Concert de chambre avec lecture

L’ouverture a été faite le 29 avril par un concert de chambre et une lecture dans les anciens ateliers de production de l'entreprise Walther au Mémorial du camp de Neuengamme. Sous la devise « Donner une gifle retentissante aux nazis », l'acteur Roman Knižka et le quintette à vent Ensemble OPUS 45 ont présenté un collage expressif de musique et de littérature. Des témoignages littéraires de la résistance au régime nazi alternaient avec des œuvres presque oubliées pour quintette à vent de compositeurs qui ont été victimes de la dictature nazie et de l'Holocauste.

Présentation d'une plaque commémorative

En 2020, des proches d'anciens détenus espagnols du camp de concentration de Neuengamme ont fondé l'Amical de Neuengamme. À l'initiative de l'Amical et d'après un projet du sculpteur et descendant Serge Castillo, un monument sera érigé dans le bosquet commémoratif du Mémorial du camp de concentration. Le 1^er mai, en mémoire des détenus espagnols du camp de Neuengamme, un relief en bronze ainsi que la plaque avec la dédicace ont été présentés au public en présence de 30 proches. Pedro Villena, consul général d'Espagne à Hambourg, Dr. Martine Letterie, présidente de l'Amicale Internationale de Neuengamme et Balbina Rebollar, présidente de l'Amical espagnole de Neuengamme ont pris la parole.

Entretiens avec des témoins

« On ne peut pas se débarrasser des souvenirs ». À la Fondation Friedrich Ebert, Dita Kraus, née à Prague, a témoigné devant plus de 200 personnes. Adolescente, elle a été déportée de Tchécoslovaquie avec sa famille juive et a survécu au ghetto de Theresienstadt, au camp de concentration d'Auschwitz et à des camps extérieurs pour femmes du camp de Neuengamme à Hambourg, avant d'être libérée au camp de concentration de Bergen-Belsen. Dita Kraus s'est entretenue avec Ulrike Jensen du Mémorial du camp de concentration de Neuengamme sur la période de sa persécution, sa vie après sa libération, la transmission du souvenir dans sa famille et son engagement contre l'oubli jusqu'à aujourd'hui.

Née et élevée à Hambourg sous le régime national-socialiste, Marianne Wilke, fille d'un père juif persécuté et d'une mère non-juive, a vécu une enfance sous la menace permanente et l'exclusion sociale. Le 2 mai, elle a également parlé aux jeunes d'actes de solidarité à cette époque et a beaucoup insisté sur le fait de les encourager à être critiques et à prendre position lorsque des injustices sont commises.

Le 4 mai, des élèves ont eu l'occasion de s'entretenir avec Helga Melmed et Dita Kraus au Mémorial du camp de concentration de Neuengamme. Toutes les deux ont survécu à Auschwitz et à des camps extérieurs du camp de Neuengamme et ont parlé de leur histoire personnelle et répondu aux questions des jeunes.

Lieu de mémoire partagée

Des proches d'anciens détenus de camps de concentration venus des Pays-Bas, d'Espagne, de France, d'Ukraine, de Pologne et d'Allemagne ont rendu hommage à leurs familles de manière impressionnante. Sur le « Lieu de mémoire partagée », ils ont eu la possibilité d'imprimer et de présenter les affiches qu'ils avaient créées eux-mêmes et de les rendre accessibles au public. Lors de la commémoration, ont pris la parole – sous la modération de Bernhard Esser, également un descendant – Balbina Rebollar, présidente de l'Amical de Neuengamme espagnole qui a présenté une affiche pour son père Evaristo Rebollar, Yvonne Cossu, présidente d'honneur de l'Amicale française de Neuengamme et de ses Kommandos qui a présenté une affiche pour tous les anciens détenus du camp de concentration qui n'ont pas de descendants, et Karin van Steeg, parente de 14 détenus néerlandais du camp de concentration qui a présenté son action « Affiches pour les anciens détenus du camp de concentration de Putten ».

Commémoration à Neuengamme

Plusieurs centaines de personnes se sont rendues à la briqueterie sur le site du mémorial pour commémorer ensemble le 77^ème anniversaire de la libération des détenus du camp de concentration de Neuengamme. Après les mots de bienvenue de Prof. Detlef Garbe, directeur de la Fondation des mémoriaux et lieux didactiques à Hambourg, qui a également évoqué les anciens détenus décédés l'année dernière, et de Dr Dorothee Stapelfeldt, sénatrice pour le développement urbain et le logement de la ville libre et hanséatique de Hambourg, qui a parlé de l'importance des lieux de mémoire, Helga Melmed, rescapée de la Shoah, a raconté en termes émouvants son expérience de la persécution et a appelé à s'instruire et à essayer de vivre plutôt avec l'amour qu'avec la haine.

Des voix contre la guerre d’Ukraine et des diasporas russe et biélorusse ont été exprimées avant que Dr Jean-Michel Clère, président de l'Amicale de Neuengamme et de ses Kommandos (France), évoqua la situation actuelle et invite à écouter le message puissant des survivants de ne jamais oublier afin d'éviter de futures guerres. En dialogue avec Natascha Höhn du projet #Waswillstdutun, Aleksandar Bančić (Croatie) a parlé de son grand-père Josip Bančić, mort au camp extérieur de Neuengamme Spaldingstraße, et de l'influence de son histoire sur sa propre vie, même s’il n'a jamais eu la chance de rencontrer son grand-père. La chorale Neuer Chor Hamburg a accompagné l'événement en musique.

L'enregistrement de la cérémonie commémorative est disponible ici (les sous-titres en allemand, anglais et français seront ajoutés sous peu).

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Des gerbes et des fleurs ont ensuite été déposées au monument international du Mémorial.

Commémoration à Neustadt (Holstein)

À l'occasion du 77^ème anniversaire du bombardement des bateaux concentrationnaires dans la baie de Neustadt par la Royal Air Force britannique, plusieurs manifestations ont été organisées par l'Amicale Internationale de Neuengamme (AIN) à Neustadt dans le Holstein. Lors d’une table ronde le 2 mai, Prof. Bill Niven a posé un regard critique sur la culture mémorielle britannique, puis Kristof van Mierop de l'Amicale belge et Françoise Plaza-Carlstroem de l'Amicale française ont donné un aperçu des différents silences sur la déportation de leurs proches dans leurs familles respectives. Lors de la cérémonie commémorative du 3 mai au Mémorial du Cap Arcona, après les mots de bienvenue de Kirsten Eickhoff-Weber, première vice-présidente du parlement du Schleswig-Holstein, de Sönke Sela, représentant de la commune de Neustadt dans le Holstein, et de Dr Martine Letterie, présidente de l'Amicale Internationale de Neuengamme, ce sont Magda Wajsen, petite-fille de Kazimierz Wajsen, survivant de l'« Athen » et Bernard Jeune, fils d'Eugène Jeune, mort sur le « Cap Arcona » qui ont pris la parole. Après une contribution des élèves du Lycée Küstengymnasium, la cérémonie s’est terminée par un kaddish. La ville de Neustadt a mis l’enregistrement de la cérémonie en ligne sous forme d’un livestream. Les proches de détenus ont ensuite eu la possibilité de faire une sortie en bateaux sur les lieux du naufrage.

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Projection de film

Le programme s'est terminé le 4 mai à 19 heures avec le film « Das Zelig ». Le Café Zelig est un café de rencontre juif à Munich où des rescapés de la Shoah se retrouvent régulièrement. Parmi eux Natan Grossmann, un ancien détenu du camp de concentration de Neuengamme, qui était présent à la projection du film et à l'entretien qui a suivi avec la réalisatrice Tanja Cummings au cinéma Abaton.