À l’automne 1938, l’entreprise SS de terrassement et de carrières Deutsche Erd- und Steinwerke GmbH fait l’acquisition d’une briqueterie désaffectée et de terrains situés près du bourg de Neuengamme à la périphérie de Hambourg. Le 12 décembre 1938, un premier kommando de 100 déportés y arrive de Sachsenhausen pour remettre la briqueterie en état. L’équipe de gardes vient du camp de concentration de Buchenwald. Les conditions de détention sont alors très différentes de celles qui régneront plus tard à Neuengamme. La nourriture est au début encore amplement suffisante.
Trois mois après le déclenchement de la guerre, la décision est prise de faire de Neuengamme un grand camp de concentration. La Ville de Hambourg programme le réaménagement de la rive de l’Elbe pour y construire les « bâtiments du Führer » en briques. En avril 1940, la Ville hanséatique de Hambourg et l’entreprise Deutsche Erd- und Steinwerke passent un contrat. La ville y accorde un prêt d’un million de reichsmarks pour la construction d’une briqueterie plus grande. Elle s’engage en outre à installer une liaison ferroviaire, à assurer la navigabilisation du bras de l’Elbe Dove-Elbe et à construire un canal de desserte ainsi qu’un bassin portuaire. De son côté, la SS s’engage à « fournir gratuitement la main-d’œuvre concentrationnaire et les équipes de garde nécessaires à la réalisation de ces travaux. »
Au printemps 1940, Neuengamme devient camp de concentration autonome. Les baraques, les miradors et la clôture sont construits par des déportés. Les mauvais traitements, l’épuisement, la faim et les accidents du travail provoquent très tôt les premiers décès. Les déportés sont dès fin 1940 au nombre d’environ 2900. Ils travaillent à l’agrandissement du camp, à l’élargissement de la rivière Dove-Elbe, au creusement du canal de desserte et du bassin portuaire, à la construction de la nouvelle briqueterie et à l’extraction de la terre dans les glaisières.
« La mise en service est effectuée dans le cadre de la création d’emplois pour les nombreux fainéants présents dans nos camps de concentration. […] Nous prévoyons d’y fabriquer à moindres coûts des briques de première qualité. Ce fait ne devrait pas être sans intérêt pour vous-même et pour les administrations des travaux publics de Hambourg. »
Oswald Pohl, chef d’administration SS, au ministre Dr Hans Nieland (Archives municipales de Hambourg StA HH, Finanzdeputation IV, DV III C 3v VIII B2)