À l’origine, les camps de concentration sont principalement conçus par le gouvernement national-socialiste pour y incarcérer les opposants politiques. À partir de 1937, de plus en plus d’autres victimes de persécutions y sont internées : Juifs et Juives, Sinti et Roms, homosexuels ainsi que les prétendus asociaux et criminels. La SS les dépouille de tout ce qu’ils possèdent et leur attribue un numéro qui remplace leur nom. Des triangles de couleurs différentes cousus sur les vêtements indiquent les motifs de détention. Les déportés allemands forment au début le plus grand groupe au camp de concentration de Neuengamme. Leur nombre total est d’environ 9500, dont environ 400 femmes. Les déportées ne restent pas au camp central et sont affectées dans les kommandos extérieurs.
À partir de 1941, la majorité des déportés au camp de concentration de Neuengamme viennent des territoires occupés par l’Allemagne. Les deux groupes les plus importants sont en 1941/42 les Polonais, et à partir de 1942/43 les Soviétiques. Le taux des déportés étrangers s’élève à plus de 90 pour cent au camp de Neuengamme. Plus de la moitié d’entre eux sont originaires d’Europe orientale et centrale, les Français, Néerlandais, Belges et Danois forment d’autres groupes importants. Les motifs d’incarcération sont les faits de résistance à l’occupant allemand, des mesures punitives contre des travailleurs forcés des deux sexes, la déportation d’otages et de victimes « d’actions de représailles ». À partir de 1941 arrivent également à Neuengamme des prisonniers de guerre soviétiques, en 1944/45 des Juifs et Juives en plus grand nombre originaires de divers pays européens.
Au total, plus de 80 000 hommes et de 13 000 femmes reçoivent un numéro de matricule au camp de concentration de Neuengamme ; 5900 personnes supplémentaires ne sont pas recensées dans les registres du camp ou sont enregistrées séparément. Les documents à disposition témoignent du décès d’au moins 42 900 personnes dû aux conditions de vie et de travail maintenues délibérément à un niveau médiocre. S’y ajoutent plusieurs milliers de déportés qui décèdent après leur transfert dans d’autres camps de concentration ou des suites de leur incarcération après leur libération. Probablement plus de la moitié des 100 400 déportés au camp de concentration de Neuengamme n’ont pas survécu aux persécutions nazies.
« Mon Dieu, comment j’ai fait pour supporter tout cela : les poux, les furoncles, la faim, les coups, les brutalités, les diarrhées. Je n’étais plus qu’une ombre. Et je n’ai peut-être survécu que parce que j’étais très jeune. »
Krystyna Razińska, déportée polonaise à 15 ans au camp de concentration de Ravensbrück, puis dans différents kommandos extérieurs du camp de concentration de Neuengamme, pour avoir participé au soulèvement de Varsovie (récit du 30/04/1990, ANg)